Un rapport récent de la Commission européenne révèle une diminution notable du nombre d’animaux utilisés dans les laboratoires européens pour la recherche scientifique. Cette tendance positive s’inscrit dans le cadre de la directive 2010/63/UE visant à améliorer le bien-être animal et à promouvoir des méthodes alternatives.
L’évolution historique de l’expérimentation animale
L’utilisation d’animaux à des fins expérimentales remonte à l’Antiquité. Les scientifiques ont longtemps eu recours à diverses espèces comme les rats, les grenouilles, les souris, les poissons et les oiseaux pour leurs recherches. Ces expériences, bien qu’ayant contribué à des avancées scientifiques majeures, ont souvent été source de souffrance pour les animaux.
La directive européenne 2010/63/UE : un tournant pour le bien-être animal
Face à ces préoccupations éthiques, la Commission européenne a mis en place la directive 2010/63/UE en 2010. Cette directive repose sur le principe des 3R :
- Remplacer : privilégier des méthodes alternatives n’utilisant pas d’animaux
- Réduire : minimiser le nombre d’animaux utilisés dans les expériences
- Raffiner : améliorer les procédures pour réduire la souffrance animale
Les résultats encourageants du rapport 2022
Le sixième rapport de la Commission européenne, publié en 2024, met en lumière les « effets positifs » de cette directive :
- Une baisse de 16,2% de l’utilisation d’animaux pour les exigences réglementaires par rapport à 2021
- Une réduction de 32% par rapport à 2018
- Une diminution de 50% dans le domaine des tests de médicaments
- Une baisse de 80,4% dans le secteur de l’alimentation
Les espèces les plus concernées par l’expérimentation
Malgré ces progrès, certaines espèces restent largement utilisées dans la recherche :
- Les souris représentent 47,8% des animaux de laboratoire
- Les poissons, notamment les saumons et les truites, comptent pour 30,3%
Ces animaux sont principalement employés dans la recherche fondamentale (37%) et la recherche appliquée transitionnelle (35%).
La situation en France : des progrès mais des efforts à poursuivre
La France, bien que leader en termes d’utilisation d’animaux pour la recherche scientifique dans l’UE, montre des signes d’amélioration :
- Une réduction de 91 872 animaux entre 2021 et 2022
- Un total de 1 802 025 animaux utilisés en 2022
Les espèces les plus fréquemment utilisées en France sont les souris, les lapins, les poissons et les rats, principalement dans la recherche fondamentale et les études toxicologiques.
Vers un avenir plus éthique pour la recherche scientifique
Bien que plus de 8 millions d’animaux aient encore été utilisés dans les laboratoires européens en 2022, des progrès significatifs ont été réalisés. L’exemple de l’Estonie, qui n’a utilisé que 3 324 animaux pour ses recherches, montre qu’il est possible de réduire drastiquement le recours à l’expérimentation animale.
Cette évolution positive témoigne d’une prise de conscience croissante de l’importance du bien-être animal dans la communauté scientifique européenne. Elle ouvre la voie à des pratiques de recherche plus éthiques et à l’adoption de méthodes alternatives innovantes, conciliant progrès scientifique et respect du vivant.