Une étude américaine récente révèle un phénomène inédit : un requin-taupe aurait été dévoré par un congénère plus imposant au large des Bermudes. Cette découverte soulève de nouvelles inquiétudes quant à la survie de cette espèce déjà menacée par la surpêche et le réchauffement climatique.
Une observation scientifique sans précédent
Le 3 septembre, la revue Frontiers in Marine Science a publié une étude décrivant un événement surprenant dans le monde marin. Des chercheurs suivant un requin-taupe équipé d’une balise ont constaté que l’animal avait probablement été victime de cannibalisme.
Les faits se sont déroulés comme suit :
- En octobre 2020, une femelle requin-taupe enceinte est capturée près de Cape Cod
- Elle est équipée d’un émetteur satellite et d’une balise d’archivage (PSAT)
- Ces dispositifs devaient fournir des données sur un an
- Le 24 mars 2021, les scientifiques ont noté des changements brusques dans les relevés :
- La température a soudainement augmenté, passant d’une fourchette de 6,4-23,52°C à 16,4-24,72°C
- Le schéma de plongée de l’animal a également montré des anomalies significatives
Un prédateur inattendu
Brooke Anderson, chercheuse sur les requins à l’Université d’État de l’Arizona, a déclaré à NBC News : « Toutes les données pointaient vers la même conclusion : [la femelle] avait été mangée ». Les scientifiques suspectent deux espèces potentielles :
- Un grand requin blanc (Carcharodon carcharias)
- Un requin-taupe bleu (Isurus oxyrhinchus)
Anderson précise : « Je suppose qu’il s’agissait d’une femelle requin blanc adulte, mesurant probablement plus de 4,5 mètres ».
Implications pour la conservation des requins-taupes
Cette découverte soulève de nouvelles inquiétudes pour la population de requins-taupes, une espèce déjà considérée comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Voici quelques points clés à retenir :
- La surpêche menace l’espèce depuis les années 1960
- En 2001, on estimait que la population avait chuté de 75 à 80%
- Les requins-taupes se reproduisent relativement peu comparé à d’autres espèces de requins
- La perte d’une femelle reproductrice et de ses petits en développement est particulièrement dommageable
Perspectives de recherche et de conservation
Face à cette nouvelle menace potentielle, les scientifiques soulignent l’importance d’approfondir les recherches. Brooke Anderson conclut : « Nous devons mieux comprendre à quelle fréquence cela se produit et quel impact cela pourrait avoir sur la population ».
Les prochaines étapes pour les chercheurs et les défenseurs de l’environnement pourraient inclure :
- L’étude approfondie du comportement cannibale chez les requins
- L’évaluation de l’impact de ce phénomène sur les populations déjà fragilisées
- Le renforcement des mesures de protection pour les espèces vulnérables
Cette découverte inattendue souligne la complexité des écosystèmes marins et rappelle l’importance d’une approche globale dans la conservation des espèces menacées. Le cas des requins-taupes illustre parfaitement les défis multiples auxquels font face de nombreuses espèces marines dans un environnement en constante évolution.