Malgré son statut d’espèce protégée, la marmotte alpine fait encore l’objet d’une chasse autorisée dans plusieurs départements français. Cette pratique soulève de vives polémiques et mobilise de nombreuses associations de protection des animaux qui réclament son interdiction définitive.
Une espèce emblématique des montagnes françaises
La marmotte alpine (Marmota marmota) est un mammifère rongeur emblématique de la faune de montagne en France. On la rencontre principalement dans les prairies d’altitude des Alpes et des Pyrénées, à partir de 1000 mètres d’altitude. Cet animal fouisseur au pelage brun et à la silhouette trapue peut peser jusqu’à 6 kg à l’âge adulte. La marmotte vit en colonies familiales dans des terriers complexes creusés dans les pentes herbeuses. Son mode de vie est adapté au rude climat montagnard :
- Elle hiberne pendant 6 mois, d’octobre à avril
- Elle accumule d’importantes réserves de graisse en été
- Elle se nourrit principalement de végétaux
Cet animal joueur et sociable fascine les randonneurs qui ont la chance de l’observer. Ses sifflements d’alerte caractéristiques résonnent dans les alpages dès qu’un danger approche.
Une chasse encore autorisée malgré le statut d’espèce protégée
Bien que la marmotte soit considérée comme une espèce protégée depuis la convention de Berne de 1979, sa chasse reste paradoxalement autorisée dans une dizaine de départements alpins français. La saison de chasse s’étend généralement de début septembre à mi-octobre. Les chasseurs invoquent plusieurs arguments pour justifier cette pratique :
- La régulation des populations dans certaines zones
- La prévention des dégâts aux cultures et aux prairies
- Le maintien d’une tradition cynégétique ancestrale
Cependant, ces arguments sont vivement contestés par les associations de protection de la nature. Elles dénoncent une chasse de loisir sans réelle justification écologique, d’autant que les effectifs de marmottes sont en déclin dans de nombreux massifs.
Une mobilisation croissante pour l’interdiction de la chasse
Face à ce qu’elles considèrent comme un massacre injustifié, de nombreuses ONG et associations se mobilisent pour obtenir l’interdiction totale de la chasse à la marmotte sur le territoire français. En 2022, une coalition de 24 organisations de protection animale a publié une tribune commune pour dénoncer cette pratique et appeler les pouvoirs publics à y mettre fin. Une pétition en ligne a également recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures. Certains départements ont d’ores et déjà pris des mesures :
- Les Pyrénées-Orientales ont interdit la chasse à la marmotte en 2022
- Le Cantal a également décidé de la prohiber sur son territoire
- D’autres départements comme la Savoie envisagent des restrictions
Les défenseurs de la marmotte espèrent que ces initiatives locales ouvriront la voie à une interdiction nationale dans les prochaines années.
Un rôle écologique essentiel menacé par le changement climatique
Au-delà de la problématique de la chasse, la marmotte alpine fait face à d’autres menaces qui fragilisent ses populations. Le réchauffement climatique impacte en particulier son habitat et son cycle de vie :
- La réduction du manteau neigeux perturbe son hibernation
- Les printemps précoces désynchronisent son réveil et la pousse de la végétation
- Les étés plus chauds et secs limitent ses ressources alimentaires
Or la marmotte joue un rôle écologique important dans les écosystèmes d’altitude :
- Ses terriers aèrent et fertilisent les sols
- Elle participe à la dissémination des graines
- Elle est une proie pour de nombreux prédateurs (aigle royal, renard…)
- Son activité de broutage favorise la diversité floristique
Sa disparition aurait donc des conséquences en cascade sur la biodiversité alpine. Les scientifiques alertent sur la nécessité de protéger cette espèce « parapluie » dont dépendent de nombreux autres animaux et végétaux de montagne.
Vers une meilleure cohabitation entre l’homme et la marmotte
Face aux multiples menaces qui pèsent sur la marmotte, de nouvelles approches émergent pour favoriser sa conservation tout en tenant compte des enjeux humains :
- Développement de l’écotourisme d’observation respectueux
- Mise en place de corridors écologiques entre les populations
- Sensibilisation du public et des acteurs locaux
- Recherches scientifiques sur l’adaptation au changement climatique
Certaines stations de ski ont par exemple créé des « marmottes parks » permettant d’observer ces animaux sans les déranger. Des agriculteurs expérimentent également des techniques pour limiter les dégâts aux cultures sans recourir à la chasse. L’enjeu est de trouver un équilibre durable entre protection de la biodiversité et activités humaines en montagne. La marmotte, par son charisme et sa valeur patrimoniale, pourrait devenir un symbole de cette nouvelle approche plus respectueuse des écosystèmes alpins. Alors que le débat sur la chasse reste vif, c’est une réflexion plus large sur notre rapport à la nature qui s’impose. L’avenir de la marmotte dans les montagnes françaises dépendra de notre capacité collective à repenser notre coexistence avec la faune sauvage face aux défis du 21ème siècle.