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Les passages à faune sur autoroute : une solution efficace pour protéger la biodiversité et les automobilistes

Karak highway, Malaysia in the morning.
Karak highway, Malaysia in the morning.

Face à la fragmentation des habitats naturels causée par les infrastructures routières, les écoponts et autres passages à faune se multiplient sur les autoroutes françaises. Ces aménagements visent à préserver la biodiversité tout en améliorant la sécurité routière. Mais sont-ils réellement efficaces ? Décryptage d’un dispositif en plein essor.

Qu’est-ce qu’un passage à faune ?

Les passages à faune, également appelés écoponts ou écoducs, sont des infrastructures spécialement conçues pour permettre aux animaux sauvages de traverser les routes en toute sécurité. Il s’agit le plus souvent de larges ponts végétalisés enjambant les autoroutes, mais il existe aussi des passages souterrains adaptés aux petits mammifères ou aux amphibiens. Ces aménagements ont pour objectif de :

  • Rétablir les continuités écologiques coupées par les routes
  • Réduire la mortalité animale due aux collisions avec les véhicules
  • Préserver la biodiversité en permettant les déplacements de la faune
  • Améliorer la sécurité routière pour les automobilistes

Les premiers passages à faune sont apparus en France dans les années 1960. Depuis, leur conception a beaucoup évolué pour s’adapter au mieux aux besoins des différentes espèces.

Comment sont conçus les écoponts modernes ?

Les écoponts actuels sont de véritables corridors écologiques aériens, spécialement aménagés pour attirer et guider les animaux :

  • Largeur importante : jusqu’à 25 mètres de large contre 8 mètres pour les premiers modèles
  • Végétalisation adaptée : arbustes, haies, prairies reproduisant l’habitat naturel
  • Aménagements spécifiques : mares pour les amphibiens, pierres pour les reptiles, etc.
  • Écrans anti-bruit et anti-éblouissement sur les côtés
  • Clôtures guidant les animaux vers l’entrée du passage

Tout est pensé pour que les animaux ne perçoivent pas la présence de l’autoroute et empruntent naturellement ces ponts végétalisés. Les écoponts modernes peuvent ainsi accueillir une grande diversité d’espèces : cervidés, sangliers, renards, blaireaux, mais aussi petits mammifères, oiseaux, reptiles et insectes.

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Quelle efficacité pour la préservation de la biodiversité ?

De nombreuses études scientifiques ont démontré l’efficacité des passages à faune pour restaurer les continuités écologiques et réduire la mortalité animale :

  • Diminution de 85 à 95% des collisions avec la grande faune
  • Utilisation régulière par une grande diversité d’espèces
  • Rétablissement des flux génétiques entre populations isolées
  • Recolonisation de certains territoires par des espèces menacées

Les caméras et capteurs installés sur ces ouvrages ont permis d’observer des milliers de passages d’animaux chaque année. Certains écoponts enregistrent jusqu’à 3000 traversées annuelles de mammifères. Ces infrastructures jouent donc un rôle crucial pour préserver la biodiversité face à la fragmentation croissante des habitats naturels. Elles permettent notamment de maintenir les corridors de migration essentiels à de nombreuses espèces.

Un enjeu majeur de sécurité routière

Outre leur intérêt écologique, les passages à faune représentent un véritable enjeu de sécurité routière. En France, on estime que les collisions avec des animaux sauvages sont responsables de :

  • 40 000 accidents par an
  • Plusieurs dizaines de décès
  • Des centaines de blessés
  • Un coût économique de plusieurs centaines de millions d’euros

En canalisant les déplacements de la faune, les écoponts et écoducs permettent de réduire considérablement ces accidents. Certains tronçons d’autoroute équipés ont ainsi vu le nombre de collisions diminuer de plus de 90%. Ces aménagements s’avèrent donc bénéfiques tant pour les animaux que pour les usagers de la route. Ils contribuent à sécuriser le réseau autoroutier tout en préservant la biodiversité.

Un déploiement croissant sur le réseau français

Face à ces résultats probants, le nombre de passages à faune ne cesse d’augmenter en France. On en compte aujourd’hui plus de 1800 sur le réseau autoroutier national, contre seulement quelques dizaines il y a 30 ans. Les sociétés concessionnaires d’autoroutes ont largement investi dans ces infrastructures ces dernières années. Certains grands projets emblématiques ont vu le jour :

  • L’écopont de Pourcieux sur l’A8 : 25 m de large et 60 m de long
  • Le passage grande faune de Saverne sur l’A4 : 50 m de large
  • L’écoduc du Bois d’Aurouze sur l’A51 : 150 m de long
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Le coût de ces ouvrages reste important, entre 1 et 5 millions d’euros selon leur taille. Mais il s’avère largement compensé par les bénéfices en termes de préservation de la biodiversité et de sécurité routière.

Vers une généralisation des passages à faune

Le déploiement des écoponts et écoducs devrait encore s’accélérer dans les années à venir. En effet, la loi biodiversité de 2016 impose désormais la mise en place de passages à faune pour tout nouveau projet d’infrastructure linéaire de transport. De plus, le Plan Biodiversité lancé en 2018 prévoit la création de 20 nouveaux écoponts d’ici 2023 sur le réseau routier national. L’objectif est de résorber les principaux points noirs en termes de collisions et de fragmentation des habitats. Au-delà des autoroutes, ces aménagements se développent également sur :

  • Les routes nationales et départementales
  • Les lignes ferroviaires à grande vitesse
  • Les canaux de navigation

Cette généralisation des passages à faune s’inscrit dans une politique plus globale de préservation des continuités écologiques, notamment à travers la mise en place de la Trame Verte et Bleue sur l’ensemble du territoire.

Des pistes d’amélioration pour l’avenir

Si l’efficacité des passages à faune n’est plus à démontrer, des pistes d’optimisation sont encore à l’étude pour améliorer ces dispositifs :

  • Développement de nouveaux matériaux plus écologiques
  • Intégration de technologies connectées pour le suivi de la faune
  • Conception d’écoponts multifonctionnels (faune, cyclistes, piétons)
  • Végétalisation plus poussée pour créer de véritables corridors écologiques

Des recherches sont également menées pour adapter ces aménagements à de nouvelles espèces comme les chauves-souris ou les pollinisateurs. Enfin, une réflexion est engagée sur la création de véritables réseaux d’écoponts interconnectés à l’échelle régionale, pour maximiser leur impact sur la préservation de la biodiversité. Les passages à faune s’imposent donc comme une solution efficace et durable pour concilier développement des infrastructures de transport et protection de l’environnement. Leur généralisation progressive devrait contribuer à réduire l’impact écologique du réseau routier tout en améliorant la sécurité des usagers.

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Rédigé par Antoine Rousseau

Passionné par la faune, je dédie ma plume à célébrer la richesse du monde animal. Sur Actu'Zoo, je partage mon émerveillement face à la symbiose parfaite entre les animaux et leur environnement. À travers mes articles, je vous invite à découvrir l'importance de chaque espèce dans l'équilibre de notre écosystème. Mon but : éveiller les consciences sur la beauté de la biodiversité et l'urgence de la préserver.

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