Face à une sécheresse sans précédent, la Namibie a pris la décision controversée d’abattre plus de 700 animaux sauvages. Cette mesure drastique vise à nourrir les populations touchées par la famine et à préserver les ressources en eau et en pâturages. Un choix difficile qui soulève des questions sur la gestion durable de la faune dans un contexte de changement climatique.
Une situation d’urgence nationale
La Namibie traverse actuellement la pire sécheresse de son histoire récente. Les conséquences sont dramatiques :
- 53% de baisse de la production céréalière
- 70% de diminution du niveau d’eau dans les barrages
- 1,4 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire (plus de la moitié de la population)
Face à cette crise, le gouvernement namibien a décrété l’état d’urgence en mai dernier. Le Programme alimentaire mondial de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme, soulignant la gravité de la situation.
L’abattage d’animaux sauvages comme solution de dernier recours
Pour faire face à cette crise humanitaire, les autorités namibiennes ont pris une décision radicale : l’abattage contrôlé de plus de 700 animaux sauvages. Cette campagne vise plusieurs objectifs :
- Fournir de la viande aux populations affamées
- Réduire la pression sur les ressources en eau et en pâturages
- Préserver l’équilibre écologique dans un contexte de raréfaction des ressources
Une opération encadrée et ciblée
Le ministère de l’Environnement namibien a détaillé le plan d’abattage :
- 300 zèbres
- 100 gnous bleus
- 100 élands
- 83 éléphants
- 60 buffles
- 50 impalas
- 30 hippopotames
La majorité de ces animaux vivent dans les parcs nationaux protégés du pays. Des chasseurs professionnels sont mandatés pour mener à bien cette opération délicate.
Un bilan provisoire encourageant
À ce jour, 160 animaux ont déjà été abattus dans le cadre de cette mesure. Le ministère de l’Environnement a annoncé que cette première phase a permis de fournir 56 tonnes de viande aux populations dans le besoin.
Un porte-parole du gouvernement a déclaré : « Notre but est de mener cette opération de façon durable tout en minimisant le traumatisme autant que possible. Nous devons séparer les animaux devant être chassés de ceux qui ne le sont pas ».
Des précautions pour respecter les conventions internationales
Pour se conformer à l’interdiction mondiale du commerce de l’ivoire, les autorités namibiennes ont prévu des mesures spécifiques :
- Les défenses des éléphants abattus seront stockées dans des entrepôts gouvernementaux
- Aucune commercialisation de l’ivoire ne sera autorisée
Un débat sur la gestion durable de la faune
Cette décision soulève des questions sur la gestion de la faune sauvage face au changement climatique :
- Comment concilier préservation de la biodiversité et besoins des populations locales ?
- Quelles alternatives à l’abattage pourraient être envisagées à l’avenir ?
- Comment anticiper et prévenir de telles crises dans un contexte de réchauffement global ?
La situation en Namibie illustre les défis complexes auxquels sont confrontés de nombreux pays africains face au changement climatique. Elle appelle à une réflexion approfondie sur les modèles de développement et de conservation à adopter pour préserver à la fois les écosystèmes et les populations humaines.