Une équipe internationale de chercheurs vient de réaliser une découverte majeure dans le domaine de la génétique animale. Le dipneuste sud-américain, un poisson aux caractéristiques uniques, possède un génome d’une taille exceptionnelle, surpassant largement celui de l’être humain. Cette avancée scientifique pourrait apporter un nouvel éclairage sur l’évolution des vertébrés terrestres.
Un géant génétique inattendu
Le Lepidosiren paradoxa, nom scientifique du dipneuste sud-américain, vient de révéler un secret stupéfiant : son génome est le plus volumineux jamais séquencé chez un animal. Les scientifiques ont découvert que ce poisson possède environ 90 milliards de paires de bases dans son ADN, soit 30 fois plus que l’être humain.
Cette découverte surprenante a été réalisée grâce à l’utilisation d’une technologie de séquençage de pointe appelée « séquençage à lecture longue ». Cette méthode permet d’obtenir des séquences d’ADN suffisamment longues pour être assemblées en chaînes continues, offrant ainsi une vision plus précise et complète du génome.
Un témoin de l’évolution des vertébrés
Le dipneuste sud-américain appartient à un groupe de poissons fascinants, considérés comme les plus proches parents des premiers vertébrés terrestres. Ces animaux, apparus il y a environ 400 millions d’années, possèdent des caractéristiques uniques qui leur ont permis de s’adapter à la vie hors de l’eau :
- Des poumons fonctionnels en plus des branchies
- Des nageoires en forme de membres, préfigurant les pattes des tétrapodes
- Une capacité à survivre hors de l’eau pendant de longues périodes
L’étude de leur génome pourrait donc apporter des informations précieuses sur l’évolution des vertébrés terrestres, dont nous faisons partie.
Une expansion génomique extraordinaire
Les chercheurs ont fait une autre découverte étonnante : 18 des 19 chromosomes du dipneuste sud-américain sont chacun plus grands que l’intégralité du génome humain. Cette taille exceptionnelle s’explique en grande partie par la présence massive de « transposons autonomes », des segments d’ADN capables de se répliquer ou de se déplacer dans le génome.
Ces éléments génétiques, parfois surnommés « gènes sauteurs », représentent plus de 90% du génome du Lepidosiren paradoxa. Les scientifiques estiment que c’est grâce à eux que le génome de ce poisson a atteint une telle taille au fil des millions d’années d’évolution.
Une croissance génomique continue
L’étude révèle également un phénomène fascinant : au cours des 200 derniers millions d’années, le génome du dipneuste sud-américain n’a cessé de croître. Les chercheurs ont calculé que tous les 10 millions d’années, ce poisson a ajouté environ 3 milliards de bases supplémentaires à son ADN.
Axel Meyer, biologiste à l’Université de Constance en Allemagne et co-auteur de l’étude, souligne : « Le plus surprenant est que cette expansion massive du génome ne s’est pas accompagnée d’une augmentation significative du nombre de gènes ». Cette observation soulève de nombreuses questions sur le rôle et l’impact de cet ADN supplémentaire.
Des perspectives prometteuses pour la recherche
La découverte du génome géant du dipneuste sud-américain ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche en génétique et en évolution. Elle pourrait notamment permettre de mieux comprendre :
- Les mécanismes d’expansion et de régulation des génomes
- L’évolution des vertébrés terrestres à partir de leurs ancêtres aquatiques
- Le rôle de l’ADN non codant dans le fonctionnement des organismes
Cette avancée scientifique majeure rappelle l’importance de l’étude des espèces « primitives » comme le dipneuste sud-américain. Ces véritables fossiles vivants continuent de nous surprendre et de nous éclairer sur notre propre histoire évolutive.